Quand le chat n'est pas là, les souris dansent.

5 lignes minimum - Je ne suis pas un spécimen des plus extraordinaires, non, je ne suis doté que d'un simple corps mou et aucun muscle aussi bien développé que les vôtres, chats de clans, et comparé à vous je ne suis qu'un épi de maïs parmi le champ entier. Je suis venu au monde avec ce qu'on appelle un corps sans force et sans souplesse. Je ne m'entraîne jamais à la chasse et au combat, il faut dire. Je ne connais pas ça. Les seules fois ou je dois repousser quelqu'un sont les chatons du voisins, Moustache et Simone. Je dois dire que ce n'est pas avec ça que mon corps se transformera en celui des guerriers sauvages du clan de l'Eau ou du Feu. Peu importe, je ne suis pas du tout taillé pour ce genre de choses. Moi, je préfère de loin me faire brosser par mes gentils petits compagnons de maison. Mon pelage brun est toujours bien entretenu, et ses couleurs resplendissent. Je ne suis que très rarement sale car il m'arrive d'aller faire un tour près du lac, mais après ça, mon poil redevient vite brillant et sain. J'ai aussi ce qu'on appelle deux yeux, des verts, mêlés à une sorte de couleur gris clair. Ils sont assez banals mais qu'importe après tout, le court de votre de vie ne changera pas à cause d'une paire d'yeux. Étant donné que nous vivons, ma famille et moi, en campagne, et que là-bas les chats se font souvent écraser par les voitures, mes maîtres m'ont donné un présent, un petit bijoux qui ne leur a coûté presque rien. Un collier qu'ils ont mis autour de mon cou, avec une sorte de plaquette jaune plastique dessus, pour me retrouver si jamais ils ont repéré un chat écrasé. Et oui, comme ça ils seront rassurés que cette fois encore, ce n'est pas moi qui aura fini quatre pattes sous terre.

5 lignes minimum - On m'insulte parfois de tête de mule et de chat d'égouts. Oui, moi, j'aime aller dehors, et quand je reviens sale on me dit que je ne suis rien qu'un crado qui passe son temps à se rouler dans la boue. Et malgré que mes petits maîtres accordent la plupart du temps à me répéter de rester à la maison, je continue à squatter le quartier pour m'y salir le poil. Têtu, oui, je vous l'accorde. Mais je sais aussi obéir, et d'ailleurs, j'arrive même à obéir aux autres d'Emma, la fille de ma maîtresse. Je m’assois si elle me le demande, et j'attrape son jouet en fausses-plumes si elle me le propose. La plupart du temps j'obéis aux Hommes parce qu'il y a du poisson à la clé, mais il m'arrive aussi de le faire pour les voir sourire. J'aime rendre service en chassant les souris et les araignées. Enfin, c'est la seule chose que je sache chasser. Le reste je ne m'y suis jamais intéressé. Je suis joueur, câlin et fidèle à mes maîtres. Moi, je suis quelqu'un d'assez timide et pourtant très farouche. Les petits voisins m'appellent le fantôme parce que la nuit je miaule derrière leur porte, et ça leur fait peur. Mais à part ça, personne n'a jamais été contre moi. Au contraire !

10 lignes minimum - Je suis né dans un endroit calme et serein. Ma mère avait mis au monde quatre petits chatons, dont moi. Les autres me ressemblaient vraiment. Ou était-ce plutôt moi qui leur ressemblait ? J'ai du passer moins de deux semaines avec ma mère et les autres. Après, mes maîtres m'ont emmené. J'étais seul, et je n'avais qu'une serviette pour me tenir compagnie. Au fond d'un carton, spacieux, j'avais l'impression d'être recroquevillé dans une maison hantée. On me déposa devant une maison. Je ne savais pas du tout ce qui se passait, mais j'avais un mauvais pressentiment. A deux semaines, on m'avait déjà arraché de ma mère et du reste de la fratrie. Mon père était un vagabond, je ne l'avais jamais connu. Un jour entier avait passé, et personne ne vint me chercher. J'avais froid, et très faim. J'étais à deux doigts de laisser ma vie devant cette porte. Mais Dieu en eut décidé autrement. C'était le matin, et la porte s'ouvrit. J'y découvrit une fillette au doux visage pâle, habillée de vêtements blancs et roses. Elle devait au moins avoir huit ans, ou quelque chose comme ça. Elle était toute petite. Lorsqu'elle s'accroupit à mes côtés, je sentis ses deux petites mains moites venir me chercher au fond de la boîte. Elle avait les mains chaudes, et cela me réchauffait un peu. Elle s'appelait Emma, et elle m'avait adopté, avec l'accord de sa mère. Emma avait une soeur avec qui elle partageait ses moments de joie. Anna. Et maintenant nous étions trois dans cette famille. Trois enfants, don un chaton, qui allaient rire ensemble. Cette famille, je l'aime. Et pourtant, ma famille biologique me manque ...